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Association des
Amis du Vieil Arles

L’historique de l’association est tiré de la conférence donnée par le président lors de la célébration en 2004 du centenaire de la Société des Amis du Vieil Arles, fondée en 1903 (bulletin double spécial numéros 123 et 124). Il est précédé d’un texte plus général sur l’histoire d’Arles depuis sa fondation jusqu’à la fin du XXe siècle.

Histoire

Dans le bulletin n°112 de l’année 2000, j’ai rappelé à propos du centenaire de la loi du même nom, que l’État a toujours voulu favoriser les sociétés savantes, surtout lors du IIIe Empire, à condition de les contrôler pour qu’elles jouent un rôle d’encadrement défini dans la vie culturelle du pays.

Aux sociétés d’histoire et d’archéologie chargées de responsabilités patrimoniales pratiques et qui sont nées sous la Restauration comme celle d’Arles en 1822, active jusqu’en 1892, succédèrent des associations de défense du patrimoine, patrimoine menacé par l’évolution industrielle et les mentalités de la Belle Époque.

Ce fut, un peu partout, l’émergence d’associations d’amis d’un monument, d’un quartier, d’une ville et ainsi s’est forgé le nom d’Amis du Vieil Arles chez nous avec une réglementation spécifique suivant la loi de 1901.

Les buts sont la tradition historique, la défense et la protection plutôt que le scientifique ou le technique comme c’était le cas dans les sociétés archéologiques précédentes. Malgré tout, on le verra, les premiers AVA de 1903 à 1913 vont se charger et être chargés de tâches patrimoniales sur le terrain.

Il est bon pour la compréhension de rappeler qu’Émile FASSIN, fondateur et rédacteur de la revue « Le Musée d’Arles » en deux parutions (1868 puis 1873 à 1885), et ensuite du « Bulletin Archéologique » (1889 à 1891), fut rapidement conquis par la décision d’Auguste LIEUTAUD, de MARTIN RAGET et des frères DAUPHIN de fonder ce type d’association 1901 dite la Société des Amis du Vieil Arles.

Je renvoie les lecteurs à l’article bien documenté de René GARAGNON, dans le bulletin n° 50 de 1983 consacré à Émile FASSIN, déjà malade à cette époque de 1903. Il se remit malgré tout au travail pour les AVA dont il fut le président d’honneur et en grande partie le rédacteur !

Revenons à nos débuts.

Souvent porte-parole de nos prédécesseurs, Auguste LIEUTAUD, futur deuxième président, déplore « que les Arlésiens ne respectent même plus les souvenirs encore vivants qui nous rattachent aux gestes de nos aïeux ».

Il précise que « plus de 60 personnes ont été pressenties et que l’on va se réunir au collège d’Arles qui est un des hauts lieux traditionnels du savoir et de l’élite ». Collège qui va devenir, l’année suivante en 1904, le Museon Arlaten dont nous allons célébrer l’année prochaine le 100e anniversaire de la fondation par Frédéric MISTRAL avec l’aide de son Prix Nobel de Littérature.

« Puissions-nous réveiller l’apathie des Arlésiens » ajoute Auguste LIEUTAUD.

 

La première réunion eut lieu le 15 février 1903 et le premier bulletin parut en juillet 1903 ; les numéros étaient imprimés à Aix-en-Provence grâce à Émile FASSIN.

Le dessin de la page 1 de couverture fut rédigé par Léon VÉRAN : le lion tenant la bannière arlésienne avec le SPQA et assis sur un marbre corinthien à feuilles d’acanthe portant la devise « Urbs Arelatensis » et « Ab Ira Leonis ». C’est devenu notre logo depuis quelques années !

 

On trouve lors de cette première rencontre une brochette d’amis et d’Arlésiens célèbres aux compétences croisées dans les postes clés de la ville et de la société arlésienne (Museon Arlaten, L’Escolo Mistralenco, la ville d’Arles, les Monuments historiques, l’Œuvre de Craponne, la Caisse d’Épargne, le Syndicat d’initiative, etc.) ; ce sont les mêmes hommes !

En particulier Auguste VÉRAN, architecte de la ville, d’une insigne famille de notables d’Arles, bien étudiée par Émile FASSIN en 1912 dans le bulletin des AVA et par Annie TULOUP-SMITH dans le livre « Rues d’Arles, qui êtes-vous ? ».

Il fut le premier président des AVA, au mandat court car appelé à de lourdes charges : celle en particulier d’inspecteur départemental des monuments historiques jusqu’en 1925.

Il prononça le premier discours en séance publique le 30 avril 1903 en salle d’honneur de la mairie d’Arles. Auguste VÉRAN déclare que la Société des AVA « doit être la gardienne active et désintéressée du grand musée en plein air qu’est notre ville » paraphrasant en cela Chateaubriand ! Ce discours fut publié intégralement dans le « Forum Républicain » la semaine suivante.

Le premier bulletin, paru en juillet 1903, précise ce programme annexé, que nous allons détailler plus loin et qui, en réalité, se résume en trois mots :

 

Rechercher - Recueillir - Sauvegarder.

 

Une centaine de personnes se sont donc abonnées dont les ténors de la vie arlésienne dont on retrouve la liste dans cette première livraison, faisant partie principalement de ces anciens du collège d’Arles ou de cercles d’hommes comme le Cercle Provençal. Citons principalement, pêle-mêle, ceux qui ont joué un rôle actif dans notre association :

Auguste VÉRAN et Auguste LIEUTAUD, les frères DAUPHIN, principalement Honoré au caractère intransigeant qui donna avec Bruno MATEOS, du fil à retordre même à Émile FASSIN, Marc GAUTIER-DESCOTTES, Claude-André FÉRIGOULE (le sculpteur des personnages de Frédéric MISTRAL au Museon Arlaten).

Le professeur LACAZE-DUTHIERS, qui fut l’auteur de la première conférence officielle historique et publique des AVA en 1903, l’inspecteur de l’instruction publique Léon TAILLEFER, Léon VÉRAN, architecte et réalisateur de la maquette de couverture du bulletin.

Le marquis Henry DE CHIAVARY, bienfaiteur des hôpitaux d’Arles, les hoirs de COURTOIS DE LANGLADE, grands propriétaires arlésiens, le vicomte Gaston DE LUPPÉ, sculpteur et archéologue.

Le général DE VAQUIERES, MARTIN-RAGET notaire, le pharmacien Antoine MAUREL, conseiller général et titulaire de la plus vieille officine pharmaceutique d’Arles au bas de la rue Jouvène.

Le jeune Docteur Paul BÉRAUD, Paul BIZALION, industriel, fils d’Honoré, Fernand CALMENT, le mari de Jeanne, fervent espérantiste, l’abbé CHAILLAN, historien et archiviste reconnu d’Arles.

Le baron Scipion DU ROURE, propriétaire de Barbegal et auteur héraldique des familles nobles arlésiennes, DUVAL-JOUVE, directeur du journal « Le Forum Arlésien », Pierre-Amédée PICHOT le fils, le peintre russe Yvan PRANISHNIKOFF (biographie par Michel GAY dans le bulletin n°116, année 2002).

Le Docteur Jules URPAR, ancien maire d’Arles, ami de MISTRAL et de DAUDET, statufié au jardin d’été, le Docteur MARIGNAN, un des sept fondateurs du Museon Arlaten et responsable de l’ethnographie présentée, Louis AUBERT, du PLM, auteur de nombreux manuscrits déposés au fonds ancien, le premier et le plus célèbre photographe arlésien Dominique ROMAN, Jules AUVERGNE, l’historien de Fontvieille et des Baux, et, j’en passe volontairement pour ne pas être trop long, d’autres tout aussi connus et influents.

La presse locale, régionale et aussi nationale comme le « Journal desDébats » d’octobre 1903 salue « l’heureuse nouvelle de l’abandon du projet de destruction des tours de la Cavalerie, conçu par la municipalité ». Remarquons au passage, et déjà, qu’un des présidents d’honneur des AVA n’est autre que le maire Honoré NICOLAS, le tombeur des croix d’Arles en 1901.

« Abandon obtenu grâce à cette Société des AVA au programme ambitieux et même trop » ajoute le « Journal des Débats » avec quelques commentaires sur les propositions que nous allons détailler et qui, je cite, « sont énumérées d’une façon complète et remarquable comme les gens de goût peuvent le faire pour combattre les atteintes monumentales considérées comme un vandalisme ».

André HALLAYS, félibre et commentateur de ce journal ajoute que « si les AVA n’accomplissent que la moitié du programme qu’ils se sont proposé, ils auront encore bien mérité de leur ville et de la France dont Arles est un des joyaux ». Style emphatique et romantique de l’époque garanti ! Mais ceci est dit !

Ce « joyau », de tout temps les Arlésiens en ont été fiers. Fiers de leur patrimoine, de leur ville, ce même amour les poussa à l’occuper territorialement en joignant l’agréable à l’utile pour le mettre le plus possible sous la directe des réglementations progressivement étendues depuis 1840, en particulier celle relative à l’alignement des rues de la ville qui toucha de nombreux monuments et hôtels particuliers avant 1901… mais aussi faisant en sorte de ne pas être trop concerné soi-même et de pouvoir effectuer à sa guise des améliorations de modernité ! Nihil nove sub soli !

Cette occupation paradoxalement fut dommageable pour ces constructions à cause de l’aménagement foncier réalisé ou au contraire laissé en état et aussi à cause du confort moderne de l’époque. On peut voir de nombreux tuyaux et des découpes effectuées sans précaution jusqu'à ces dernières années dans certains coins de la vieille ville !

N’était-ce pas malgré tout quelque part préférable, plutôt que de laisser tomber en ruines ou en friches ces bâtiments qui auraient été de toute façon un jour ou l’autre totalement transformés ou détruits comme cela avait été envisagé pour les tours de la Cavalerie et comme cela l’a été pour les Dominicains et les Prêcheurs, pour l’usine hydraulique et l’église des Carmes, etc., et comme cela le fut un peu plus tard après 1945, nous le verrons plus loin !