Retour à l'accueil

Association des
Amis du Vieil Arles

L’historique de l’association est tiré de la conférence donnée par le président lors de la célébration en 2004 du centenaire de la Société des Amis du Vieil Arles, fondée en 1903 (bulletin double spécial numéros 123 et 124). Il est précédé d’un texte plus général sur l’histoire d’Arles depuis sa fondation jusqu’à la fin du XXe siècle.

Histoire

Ce laisser-aller favorisa et fut aussi la cause de deux catastrophes patrimoniales :

L’effondrement du réfectoire de l’abbaye de Montmajour en 1941, abbaye où l’on commença à installer des armes et des munitions, ce qui fait que le feu s’y déclara le 20 août 1944 et dura huit jours avec des dégâts considérables, non encore récupérés entièrement de nos jours (les AVA n’étaient plus là !).

Un effondrement d’une partie du couvent des religieuses de St Césaire en 1943 à côté de St Blaise où l’on remisait le corbillard de la ville.

Les bombardements ont lieu en 1944 ; le bilan des dommages est fait pour les monuments touchés : St Julien, St Pierre de Trinquetaille, les remparts de la Cavalerie, l’église de la Major, le musée Réattu, le portique nord-est des Arènes, St Isidore à la Cavalerie et de multiples hôtels particuliers endommagés voire disparus (quartier des Arènes et vers la Roquette).

 

Les deux maires des années qui suivirent la libération d’Arles, Cyprien PILLIOL, puis Charles PRIVAT surtout, vont dégager et reconstruire avec leurs moyens, grâce aux crédits de dommages de guerre qui furent versés pour la ville et pour certains monuments inscrits à l’inventaire : par exemple pour l’Amphithéâtre et les tours de la Cavalerie.

 

On pose même sérieusement la question en 1950 de savoir s’il faut raser la Roquette ? Démolir St Julien et St Pierre de Trinquetaille (ceci sera fait effectivement) !

Quelques voix s’élèvent contre, se référant platoniquement encore aux AVA, comme l’abbé BROCAREL et Armand DAUPHIN.

 

Les crédits sont arrivés vite, ce qui a permis de démarrer les travaux, surtout à la Cavalerie. La municipalité comptant environ 400 personnes dont cinq chefs de service en 1948, met en place des plans de cinq ans de financement qui se succédèrent sept fois, soit sur 35 ans, avec la nomination dans les années 50, d’un conservateur, Jacques LATOUR d’abord , puis Jean-Maurice ROUQUETTE ensuite qui, peu à peu , va faire comprendre sa façon d’appréhender la conservation de notre patrimoine et la faire effectivement appliquer sur le terrain.

 

Les restaurations après-guerre vont bon train avec leurs qualités et leurs défauts, sans consultation véritablement préalable de la population ; le pouvoir donne des certitudes aux élus et à l’Administration, ces certitudes sont appliquées !

Les AVA peuvent être facilement évoqués, mais Armand DAUPHIN reste tout seul. D’autant plus que les années 50 et suivantes voient se développer une qualité de vie et une envie de vivre croissante et heureuse par l’équipement des habitations, une liberté de construction avec peu de contraintes ; l’organisation des loisirs et des fêtes du pays (Vendanges, Riz) est très en vogue.

Les AVA sont inexistants. Armand DAUPHIN meurt en 1956. Jean-Maurice ROUQUETTE arrive aux commandes avec l’aide de l’architecte en chef des Monuments historiques, Jacques VAN MIGOM.

Tous deux sont les patrons passionnés et réfléchis du patrimoine arlésien, car la réglementation du secteur sauvegardé n’a été pensée que vers les années 1960 et mise en place efficacement qu’à partir de 1977-1980.

La vie des Arlésiens est moins soucieuse. Les impôts sont au plus bas, avec du plein emploi durable, des activités sportives plus variées ; une ouverture progressive vers le monde extérieur avec la télévision qui se développe et le début du règne de la "bagnole" !

On a construit et reconstruit à tour de bras ; on n’a plus trop le temps de penser à la beauté intrinsèque de la ville. Le béton coule à flots dans les quartiers et au centre-ville, les façades faites à la tyrolienne fleurissent, les terrasses se multiplient, les balcons aussi.

Le soleil fait sortir les habitants du centre-ville mal logés, mal équipés et l’on passe volontiers de l’habitat une pièce en bas, une pièce au premier, une pièce au second à une petite villa de plain-pied (ou avec un étage) au confort moderne et équipée dans un quartier proche (Alyscamps, Montplaisir) avec jardin. On ronronne à Arles ; Arles vit sur ses acquis.

Heureuse période où le patrimoine fait partie des meubles sans que les Arlésiens ne s’y intéressent beaucoup, sauf dans certaines circonstances festives comme les fameuses fêtes du bimillénaire de la fondation de la ville d’Arles en 1956, qui sont inoubliables et grandioses pour ceux qui s’en souviennent, dans nos monuments antiques.

Ces fêtes, qui flattaient notre ego, avaient démontré tout de même que les Arlésiens restaient attachés fortement à leur histoire et qu’il fallait que l’occasion se présente pour ranimer cet attachement que l’on croyait évanoui !

Les AVA sont enfouis dans la mémoire des gens, c’est une période de quinze ans qui s’annonce la plus pathétique pour nous mais aussi la plus libre et indépendante pour l’administration vis-à-vis du patrimoine !

Les travaux d’urgence et d’entretien habituel sont réalisés grâce à la ténacité soutenue de Jean-Maurice ROUQUETTE qui s’est battu tout le temps pour obtenir des budgets et même plus pour Arles qui n’a pas encore à ce moment son règlement de Secteur sauvegardé !

Pierre VAGO, l’architecte désigné pour la réhabilitation d’Arles, dans les années 1950 avait reconstruit et ouvert encore plus la ville aux voitures et à une circulation moderne, ce qui a été bénéfique pendant de nombreuses années mais maintenant !

Pendant ce temps sont rénovés le musée Réattu, les salles du Cloître, Ste Luce, St Honorat ; l’église des Prêcheurs est rachetée peu à peu par la ville, la verrerie de Trinquetaille de même, le cirque romain pareillement, avec les abattoirs qui déclinent et le gel du foncier en ce lieu.

 

La période de paix qui suit 1962 et la mise en valeur de la région de Fos, font qu’il existe une prospective immobilière qui prévoit, avec l’utilisation en pente montante du verre, de l’aluminium et du béton et d’une industrie pétrolière, une ville d’Arles de 100 000 habitants pour l’an 2000 !

Un hôpital nouveau est réalisé à Arles par NELSON, rapidement mis à l’inventaire des Monuments historiques de par sa conception et son originalité de fonctionnement.

On constate qu’Arles s’étiole doucement, les façades commencent à vieillir et à noircir, croûtent même, les volets sont défraîchis, les peintures sont passées, les poutres métalliques se multiplient pour des garages, la désertification du centre-ville commence, la propreté urbaine est sommaire et les voies de la vieille ville sont à revoir ! Les AVA sont bien endormis ; cette fois-ci, le silence se fait.

Les AVA ne sont plus là du tout lorsque se concocte le plan de sauvegarde d’Arles, étudié par M. PATOUT, architecte arlésien, sous la direction de M. JOLY à Paris ; étudié dès 1966, il n’entrera en application que vers les années 1980.

 

La municipalité change de nom, c’est Jacques PERROT en 1971 qui est élu ; un de ses adjoints, Roger CORNILLON, aime sa ville.

L’idée aussi qu’un plan de sauvegarde est étudié pour Arles, qui doit en bénéficier, fait prendre conscience à une poignée d’Arlésiens qu’il faut favoriser cela, aider le conservateur, et qu’il faut être sur le terrain puisque les restaurations futures s’adressent non seulement aux monuments mais aussi à eux !

Il y a là une opportunité de rendre la ville à ses utilisateurs dans un cadre défini qui peut apporter des aides conséquentes. Cette poignée d’Arlésiens, soucieuse à la fois de ce présent et un brin nostalgique du passé, décide alors de remettre au goût du jour les buts et les statuts des premiers AVA de 1903.

 

L’association, avec la bénédiction de Jacques PERROT, et l’aide appuyée de Roger CORNILLON, adjoint, démarre en 1971 sous la présidence de Jean LANDRIOT, puis ensuite de René VENTURE avec Maître Pierre FASSIN comme président d’honneur et une liste honorifique de parrains ayant répondu positivement à René GARAGNON que l’on ne présente plus, toujours actif en 2003 dans le cadre des AVA.

Le flambeau est repris. Le premier article paraît sous le titre de “Résurrection”.